Communication responsable en Black Friday
- Charlotte Delavenay

- 24 nov.
- 3 min de lecture
Le constat : Black Friday, avalanche d’urgences et d’achats
Chaque année, à la fin du mois de novembre, la plupart des marques se lancent dans une course : – 50 %, – 70 %, “dernier jour pour profiter”, "attention, 2 personnes regardent également ce produit..." etc. Le message : acheter maintenant, profiter d’une offre exceptionnelle, souvent sans penser à un besoin réel ou à l’impact environnemental ou social. Bien sûr, si le cadeau que votre nièce attend depuis six mois figure sur la liste et qu’il est soldé, ce serait dommage de ne pas en profiter. Mais là où le Black Friday interroge, c’est quand cette frénésie de consommation devient un réflexe collectif, au point de détruire hommes, faune, flore… et désir.
Ce serait quand même super bien de prendre un instant pour dézoomer, pour observer nos achats compulsifs — souvent déclenchés non pas par le besoin, mais par le simple fait qu’ils “ne sont pas chers.”
Ces marques qui font autrement
Camif : “la seule réduction qui compte, c’est celle de l’empreinte carbone”
La marque Camif refuse la logique classique du Black Friday : « La surconsommation encouragée par le Black Friday va à l’encontre de cette idée. »
Camif choisit de mettre en valeur non pas uniquement le prix, mais la qualité, la fabrication locale et la réduction d’empreinte environ
Exemple de message de campagne :
« Les réductions qui comptent » (mais pas seulement les rabais : la réduction de l’empreinte).

Patagonia : “Ensemble, faisons mieux”
Patagonia est une pionnière du marketing et de la communication responsable. Sa campagne anti-Black Friday célèbre « Ensemble, faisons mieux » : acheter moins, mais mieux, privilégier la réparation, la durabilité, le sens. La performance de l'entreprise n'est en rien mise à mal par ce nouveau modèle !
«On propose zéro rabais extravagant : notre “deal” ne change pas, quel que soit le jour. »

Sézane : un modèle de choix sans promotion outrancière
Sézane ne pratique pas de soldes classiques : « Nous ne faisons pas de promotions ou de soldes, mais nous proposons deux fois par an une sélection d’archives à prix réduit afin de réduire le gaspillage ».
Le modèle est clair : privilégier la qualité, la durabilité, et éviter de générer des besoins artificiels.

Rêver, attendre, espérer, économiser… et savourer l’achat
Et si on attendait d’avoir vraiment besoin ? « L’envie d’avoir envie » — comme dans la chanson de Johnny Hallyday, cette phrase résonne plus que jamais : rêver, attendre, espérer, économiser… donnent la saveur à l’achat, comme l’attente d’une soirée, d’un moment, d’une rencontre. Dans un univers marketing saturé d’urgences, cette temporalité retrouvée fait sens : elle replace l’achat dans le registre de l’émotion, de la valeur, de la connexion avec soi et avec la marque.
Et si la nouvelle communication ventait les valeurs ou le service, plus que les produits ?
À l’heure du Black Friday, la tentation est forte de communiquer sur le rabais, les quantités limitées, l’urgence.Mais que se passerait-il si, au lieu de cela, nous osions :
mettre en avant les valeurs de la marque (qualité, durabilité, équité)
valoriser le service (réparation, longévité, accompagnement)
dialoguer sur les usages plutôt que la possession
inviter à consommer moins, mais mieux
Ce changement de paradigme n’affaiblit pas la performance : il l’inscrit dans le long terme. Il permet de renforcer la confiance, l’authenticité, l’engagement. Il parle à des clients, partenaires et équipes qui cherchent aujourd’hui plus que l’offre : ils cherchent du sens.
Discussion ouverte – et si on se posait ?
Que vous soyez une marque, une entreprise ou un professionnel de la communication, c’est le moment de vous poser la question : Quelle communication allons-nous déployer cette semaine ?
■ Saurons-nous résister à la tentation du tout-promo rapide ?
■ Pouvons-nous raconter notre engagement, nos valeurs, notre service ?
■ Pouvons-nous inviter nos clients à réfléchir, à choisir, à attendre, à savourer ?
En cette semaine du Black Friday, peut-être que la « réduction » la plus forte est celle de notre empreinte marketing : réduire l’urgence artificielle, réduire le réflexe d’achat impulsif, réduire la désynchronisation entre discours et action.
Et si la communication responsable devenait votre meilleur atout ?




